Alain ROUSSEL
Alain Roussel, né à Boulogne-sur-Mer le 23 mars 1948, s’est intéressé très tôt à l’ésotérisme sous tous ses aspects, lisant pêle-mêle Fabre d’Olivet, Louis-Claude de Saint-Martin, Swedenborg, Éliphas Lévi, Denys l’Aréopagite, Fulcanelli, René Guénon et les grands textes orientaux (bouddhisme tch’an, soufisme, hindouisme, taoïsme). Il a découvert la poésie, en vers et en prose, vers l’âge de dix-sept ans, devenant au fil du temps un lecteur insatiable de Rimbaud, Baudelaire, Lautréamont, Breton, Artaud, Daumal, Leiris, Michaux, Paz, Duprey, de Chazal, Pessoa, Juarroz, Munier, Bonnefoy.
Cet auteur s’inscrit dans une double démarche. D’une part, il écrit des proses poétiques resserrées, à la limite du silence, essayant de dire en quelques mots la présence, l’absence, l’attente, rôdant autour de l’innommable, de l’indicible. D’autre part, il écrit des récits où il peut donner libre cours à son imagination, à son humour, à son insolence, sans perdre la quête du sens qui est essentielle à toute sa démarche. En témoigne son recueil de nouvelles, Que la ténèbre soit ! et deux romans : Le Labyrinthe du Singe et Chemin des Équinoxes.
Par ailleurs, il a publié en 2008 un essai sur les mots, à partir de la cabale phonétique et d’une interprétation très personnelle de la forme des lettres, La Vie privée des mots, réédité dans une version augmentée sous le titre La Vie secrète des mots et des choses en 2019. Mais, son livre emblématique est assurément, Le texte impossible (« J’écrivis Le Texte impossible à Arles dans la clarté provençale l’œil rivé sur l’abbaye de Montmajour et la blancheur aveuglante des Alpilles c’était comme une lettre d’amour et de révolte à une femme réinventée, celle avec qui je vivais alors dans l’éloignement et dans la perte, j’aurais voulu qu’elle traverse les mots pour venir me rejoindre qu’elle quitte enfin le grand mutisme blanc qui l’habitait douloureusement. » Jean-Claude Leroy écrit : « Hautement jubilatoire, écrit Jean-Claude Leroy, l’écriture d’Alain Roussel remue la chair de l’esprit dans la marmite en fusion d’une connaissance toujours au bord de la folie, qui nous amène au bord du monde et tout aussi bien en son plein centre, et fait opportunément trembler nos certitudes – la pesanteur est si pesante ! »
Cesar BIRENE
(Revue Les Hommes sans Epaules).
À lire : Le Poème après le naufrage (P.-J. Oswald, 1977), Rétropoèmes (Inactualité de l’orage, 1978), Les Aventures d’Aluminium (Inactualité de l’orage, 1979), Le Texte impossible (Inactualité de l’orage, 1980), Le Temps d’un train (Vandrepote, 1983), La Lettre au petit homme noi (Plasma, 1984), Rite pour l’aurore (Tournefeuille, 1989 ; rééd. Lettres vives, 1998), La Légende anonyme (Lettres vives, 1990), Il y aura toujours des gardiens de phare (Poiein, 1992), Fragments d’identité (Lettres vives, 1995), L’Ordinaire, la Métaphysique (Cadex, 1996), La Poignée de porte (Cadex, 1999), Somnifère d’indien (Wigwam, 1999), Sans commentaire, avec Christian Hibon ( La Clef d’Argent, 2000 ; rééd Mainard, 2021), L’Œil du double (Lettres vives, 2001), Ils (Cadex, 2003), La Voix de personne (Lettres vives, 2006), Le Récit d’Aliéna (Lettres vives, 2007), La Vie privée des mots (La Différence, 2008), Que la ténèbre soit ! (La Clef d’Argent, 2010), Le gardien des voyages (Pièces à conviction, 2010), Chemin des équinoxe (Apogée, 2012), Petit manuel de savoir-vivre en une seule leçon (Le Cadran ligné, 2012), Ainsi vais-je par le dédale des jours (Éditions Les Lieux-dits, 2013), Le Labyrinthe du Singe (Apogée, 2014), Le Boudoir de la langue (Pierre Mainard, 2015), Un soupçon de présence (Le Cadran ligné, 2015), Le livre des évidences (éditions des Deux Corps, 2016), La Phrase errante (Le Réalgar, 2017), La Vie secrète des mots et des choses (Maurice Nadeau, 2019), Arachné (Les Lieux-Dits, 2022), Le texte impossible, suivi de Le vent effacera mes traces (Arfuyen, 2023).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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| Dossier : J.- V. FOIX & le surréalisme catalan n° 60 | ||
